Le contexte

Souvent perçue comme une coupure dans la ville, un chaînon manquant entre Haut et Bas de la Ville, la Cité Administrative est située en plein cœur de Bruxelles, entre le boulevard Pachéco, la colonne du Congrès, le Botanique et la rue Royale. 6 hectares de béton, une tour de 140 mètres. Un bel exemple de la manière dont les théories qui régissaient l’architecture privée ont été appliquées dans l’architecture publique.

Le chantier, prévu pour quatre ans, débute en 1958 dans la foulée de l’Exposition Universelle. 1983 voit l’ouverture des portes de la Tour des Finances, dernier élément construit du site. 25 ans au total donc pour la construction de cet ensemble qui écrase sous son poids le quartier de la rue de Schaerbeek et son marché couvert Cluysenaar (situé sous la place des Panoramas) et mutilant de façon irréversible le boulevard Pachéco. Un bel exemple également du peu de cas fait du tissu urbain existant par les pouvoirs politiques à une époque où le cadre législatif n’imposait ni mesures de publicité ni concertations.

Le projet d’installer là quelques 14.000 fonctionnaires fut abandonné. Mais 700 familles furent tout de même expropriées pour céder la place à des bureaux accueillant dans un premier temps 5.500 fonctionnaires auxquels viendront s’ajouter les 3.000 de la Tour des Finances, après 1983.

La Cité Administrative devait incarner, par son échelle et sa modernité, l’efficacité de la fonction publique. Par un retour de l’histoire, la fédéralisation ayant mis un terme aux rêves de centralisation, les bâtiments sont aujourd’hui en partie vides, sans affectation.

En 2003, l’Etat belge revendait la Cité Administrative à un groupe privé hollandais, Breevast S.A., qui avait déjà acquis la Tour des Finances un an plus tôt. En 2004, Breevast S.A. revendra la moitié de cette partie du site à Dexia et Immobel / C.I.B. (Compagnie immobilière de Belgique).

Il s’agit par ailleurs d’une opération de «sale & rent back», l’Etat belge restant locataire du site, garantissant ainsi le promoteur de la rentabilité de l’opération effectuée.1

Aucun cadre urbanistique n’a été préalablement établi quant au futur développement du site. Les fonctionnaires de la Communauté flamande ont déjà quitté les lieux. Ceux de la Communauté française s’apprêtent à vider les lieux pour octobre 2004, et ceux de l’Etat fédéral suivront d’ici janvier 2005. En 2005, l’ensemble de la Cité devrait être totalement vidé de ses occupants, aujourd’hui encore au nombre de 4.700. C’est également en 2005 que devrait démarrer la rénovation de la Tour des Finances. Le reste du site, classé zone d’intérêt régional 2 , fera quant à lui l’objet de procédures qui prendront plusieurs années avant d’aboutir. Pendant ce temps, les milliers de mètres carrés de la Cité seront vides pendant au moins 3 à 5 ans.

Au final… procèdera-t-on à une rénovation ou à une nouvelle «démolition-reconstruction»?

Tiendra-t-on compte des qualités actuelles du site? De son aspect patrimonial?

Quel sort sera réservé aux espaces publics? Comment seront traités les aspects sociaux en jeu (logement, gentrification,…)? Rien n’est défini et aucun débat public préalable n’est prévu pour mener cette réflexion. La menace d’un démantèlement total et donc d’un nouveau chantier lourd et particulièrement long, se profile pour Bruxelles…

Différentes initiatives émanant du monde associatif ont néanmoins émergé, pour attirer l’attention et engager la réflexion sur ce site hors du commun.

Ce fut d’abord un débat (novembre 2003) portant sur l’avenir de la Cité Administrative 3 en présence entre autres des responsables politiques a permis de faire le point sur la situation actuelle. Ce fût également l’occasion d’esquisser quelques visions quant au potentiel du lieu. D’autant que la perspective de le voir se vider pour plusieurs années, incite également à investiguer les possibilités d’une occupation temporaire.

Ce fut ensuite le WE du mapRAC week-end de réflexion ouvert à toute personne intéressée s’est déroulé dans le restaurant de la Cité Administrative les 19-20-21 mars 20044. Ce week-end avait pour ambition de générer un dynamisme d’action et de réflexion quant aux enjeux que ce site représente et de proposer des alternatives au cours actuel des évènements.


 1

Voir détail de l’opération « sale en rent back » dans l’atelier procédure

 2

Voir l’atelier procédure pour définition et détails

 3

Quel avenir pour la Cité Administrative ? Débat organisé à l ‘initiative de Disturb et City Mine(d) – le 10/11/2003 dans salle polyvalente de la Cité Administrative - Participants au débat : Willem Draps Région Bxl – Secrétaire d’Etat à l’Aménagement du territoire - Henri Simons Ville de Bxl - Echevin de l’Urbanisme - François Thiry Rédacteur en chef A+ - Christian Lasserre Economiste ULB - Benoît Moritz Urbaniste, désigné pour la nouvelle étude du quartier européen, assistant ISACF - La Cambre - Gwenaël Breës Cinéma Nova - pleinOPENair - milieu associatif - Chantal Dassonville Communauté française - Architecte - Xaveer De Geyter Architecte - Thierry Decuypere Architecte - assistant ISACF - La Cambre - Eric Corijn Sociologue - VUB - Marie Demanet Ville de Bruxelles - Délégation au Développement de la Ville – Breevast s.a. alors unique propriétaire du site ayant décliné l’invitation.
Voir le pdf (64k)

 4

Organisé en collaboration par City Mine(d), diSturb, Bureau Vers plus de bien être, Gwenaël Breës.


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